CÉLIA MULLER
LA NEIGE EN AOÛT
CHAPITRE 1
24.04.2025 - 30.05.2025

Célia MULLER, La neige en août (diptyque), 2025,

Noir de fumée sur papier,

260 x 345 cm 

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It was grace
Stunned by the last lights of the sun
Swimming in a green sea as deep as a drum
There are things I must record, must praise
There are things I have to say about the fullness
And the blaze of this beautiful life
Of this beautiful life

Kae Tempest – Grace (2022)

« Quand on incinère les morts, c’est un peu les vivants qui brûlent. Je crois ? » Voici ce que m’a écrit Célia Muller alors qu’elle était en train de réaliser les œuvres pour son exposition. Face à la disparition, elle fait le choix de bouger. « Faire honneur, voir le monde, voir la mer, voir la montagne, voir la forêt. J’ai voulu mettre plein de beau dans le dur. Dans ces différents périples une obsession : le feu. D’un seul coup dans plein d’aspects différents de ma vie, je me suis retrouvée entourée de flammes. Dans les médias, les titres de livre, la musique, les films… ». Alors, dans les nuances de noir et de lumières, l’artiste nous présente autant une existence brulée, quasiment réduite en cendres, qu’une transformation, une véritable renaissance. Elle poursuit ainsi sa réflexion au long cours dédiée à la disparition, la dissolution et la réminiscence des mémoires, des corps, des objets, des récits. Dédiée aussi à ce qu’il reste – « des petits bouts de vies » – malgré la destruction. Le feu, en tant qu’élément primordial, devient ainsi un lieu de passage. À l’image du diptyque intitulé La neige en août (2025) où nous rencontrons deux personnes séparées par un grand feu. Elles se font face et semblent se regarder. Pourtant cette image est construite à partir de photographies d’archives anonymes. Deux temporalités, deux contextes, deux corps sont reliés par le brasier qui peut être compris comme un miroir ou un portail.

Comme à son habitude, Célia Muller travaille aussi bien à partir d’images d’archives que de photographies ratées prises avec son téléphone. Ce mélange lui permet de poser une distance pudique avec un récit intime. Ce dernier adopte une dimension collective qui se heurte autant aux affres du passé qu’aux réalités présentes. « Dans l’atelier, quand je faisais le feu, il y avait par moment beaucoup de cendres froides blanches qui s’envolaient et retombaient doucement dans tout l’espace. Un peu comme de la neige. Pour le froid dans le cœur dans une période de l’année censée être chaude, douce ». Une porcelaine brisée au sol, des lettres devenues illisibles, des morceaux de charbon, des poutres enfumées. Le feu ravage. Avec, la série Leftovers (2025), nous comprenons que l’intime est surpassé par une situation globale : les méga feux qui s’étendent sur tous les continents, les corps humains brûlés à Gaza, les cendres des bâtiments bombardés en Ukraine, les feux de la guerre civile au Congo et tant d’autres flammes sur la Terre. Ces situations brûlantes font évidemment écho à d’autres contextes et d’autres évènements historiques. Par le feu et les cendres, Célia Muller étire son histoire vers une conscience politique d’un commun déséquilibré et inconfortable.

Le feu peut aussi contenir une mémoire plus douce, festive, exutoire et joyeuse : allumer une cigarette, tendre un briquet pendant un concert, faire un feu à la plage ou en forêt entre ami.es, se réchauffer près de la cheminée, se retrouver autour d’un feu pendant une manifestation. « Le feu contient une énergie vitale, un désir de créativité, de partage, de faire, une libération, une échappée, un lâcher-prise grisant » . Dans une perspective qui surpasse la question du temps, les dernières œuvres de Célia Muller contiennent ces souvenirs et ces expériences qui traversent nos corps. Depuis plusieurs années, elle travaille les éléments (l’eau, le feu, l’air, la terre) pour traduire avec le noir de fumée et les pastels secs ce que nous ne parvenons pas à verbaliser, des sentiments profonds, des expériences intenses, des pertes et des métamorphoses intimes. Par là, l’artiste travaille la sidération et la contemplation, la mélancolie et l’euphorie. Alors, du portail initiatique au lieu chaleureux, en passant par la destruction, la purification, l’énergie, la passion, la peur, la beauté, la colère, le deuil, la fascination, le réconfort, l’extase, la violence et la spiritualité, le feu convoque des sentiments et des états paradoxaux qui innervent nos vies qui se consument inéluctablement.

Julie Crenn

Vue d’exposition, Célia MULLER, La neige en août Chapitre 1, Galerie Maïa Muller

Célia MULLER, Messidor, 2025,

Pastels secs sur papier,

21 x 29 cm 

Réservé

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Célia MULLER, Et puis encore, 2025,

Pastels secs sur papier,

21 x 29 cm 

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Célia MULLER, Eloge de la fuite, 2025,

Pastels secs sur papier,

21 x 29 cm 

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Célia MULLER, Leftover #1, 2025,

Pastels secs sur papier,

50 x 65 cm 

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Célia MULLER, Leftover #2, 2025,

Pastels secs sur papier,

50 x 65 cm 

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Célia MULLER, Leftover #3, 2025,

Pastels secs sur papier,

50 x 65 cm 

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Célia MULLER, Leftover #4, 2025,

Pastels secs sur papier,

42 x 29,7 cm 

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Célia MULLER, Poussière, 2024,

Pastels secs sur papier,

27,5 x 35,5 cm 

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Vue d’exposition, Célia MULLER, La neige en août Chapitre 1, Galerie Maïa Muller

Célia MULLER, Demain est un autre jour #2, 2025,

Pastels secs sur papier,

21 x 29 cm 

Réservé

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Célia MULLER, Demain est un autre jour #1, 2025,

Pastels secs sur papier,

21 x 29 cm 

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Célia MULLER, Demain est un autre jour #3, 2025,

Pastels secs sur papier,

29,7 x 42 cm 

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