Viewing room – Célia Muller. Invocations

02.09. - 10.10.2023

INVOCATIONS CÉLIA MULLER
En discutant à propos de l’exposition, Célia Muller s’excuse pour la conversation nébuleuse. Elle tient à ne pas trop en dire. Elle marche sur des œufs pour ne pas tomber dans un espace où le pathos empiéterait sur le dessin. Pour ne pas entraver l’état dans lequel il pourrait nous plonger. Les œuvres engagent à une forme d’introspection, une plongée à la fois en nous-mêmes et à l’intérieur de l’imaginaire de l’artiste qui allie le réel à l’évanescence du souvenir, voire du rêve-cauchemar. “Quand je dessine, je me casse, je disparais.” Les dessins traduisent autant ses évasions, ses fuites, qu’une poursuite obsessionnelle de souvenirs évanouis. Celia Muller mène un travail acharné où dessiner est synonyme d’anamnèse : une remontée mémorielle qui se fabrique par ajouts, soustractions, fabulations et nécessairement transformations d’un récit altéré.
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Invocations 1 et 2 (Dyptique), 2023, Pastels secs sur papier, 29,7 x 20,8 cm chaque

Célia Muller, Invocations 1 et 2 (Dyptique), 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm chaque

Célia Muller, Invocation #3, 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm

Célia Muller, Invocation #3, 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm

Célia Muller, Aandun 19, 2021, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 50 cm

Célia Muller, Aandun 19, 2021, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 50 cm

Tout comme la matière mémoire, le ciel est un espace infini en proie à une métamorphose constante. De la même manière que l’artiste fixe des fragments de son récit, elle fixe des moments, des états de ciel nuageux, orageux, opaque, chargé, lumineux. Le ciel et la mémoire partagent une même immensité, une même agitation, une même épaisseur et une même imprévisibilité. Un espace de perturbations.

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

 

Célia Muller, Je voudrais être #3, 2023, Pigments d’oxyde de fer noir, 150 x 250 cm

Célia Muller, Comme le vent, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Comme le vent, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Elles ont volé toute l'eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Célia Muller, Un trou dans le mur #2, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Un trou dans le mur #2, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Comme le temps, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Comme le temps, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Constitués de nuances de noirs, de gris et de blancs, les dessins imposent une forme de silence. Ils sont les résultats de gestes et d’incantations envers les éléments, envers la matière mémoire, envers l’invisible et l’indicible. L’artiste lance des incantations plurielles dans une quête intime où les mots peinent à émerger.

Célia Muller, Je voudrais être #1, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm

Célia Muller, Je voudrais être #2, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm

Célia Muller, Je voudrais être #2, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm

Célia Muller, Je te détesterai #1, 2018, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 100 cm

Célia Muller, Je te détesterai #1, 2018, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 100 cm

Célia Muller, Un trou dans le mur #1, 2023, Monotype et dessin à l'encre taille douce, 24 x 31,9 cm

Célia Muller, Un trou dans le mur #1, 2023, Monotype et dessin à l’encre taille douce, 31,9 x 24 cm

Célia Muller, L'amour et la rage, 2023, Pastels secs sur papier, 24 x 32 cm

Célia Muller, L’amour et la rage, 2023, Pastels secs sur papier, 24 x 32 cm

Viewing room – Célia Muller. Invocations2023-09-09T16:24:28+02:00

Viewing room – Célia Muller. Invocations

02.09. - 10.10.2023

INVOCATIONS CÉLIA MULLER
En discutant à propos de l’exposition, Célia Muller s’excuse pour la conversation nébuleuse. Elle tient à ne pas trop en dire. Elle marche sur des œufs pour ne pas tomber dans un espace où le pathos empiéterait sur le dessin. Pour ne pas entraver l’état dans lequel il pourrait nous plonger. Les œuvres engagent à une forme d’introspection, une plongée à la fois en nous-mêmes et à l’intérieur de l’imaginaire de l’artiste qui allie le réel à l’évanescence du souvenir, voire du rêve-cauchemar. “Quand je dessine, je me casse, je disparais.” Les dessins traduisent autant ses évasions, ses fuites, qu’une poursuite obsessionnelle de souvenirs évanouis. Celia Muller mène un travail acharné où dessiner est synonyme d’anamnèse : une remontée mémorielle qui se fabrique par ajouts, soustractions, fabulations et nécessairement transformations d’un récit altéré.
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Invocations 1 et 2 (Dyptique), 2023, Pastels secs sur papier, 29,7 x 20,8 cm chaque

Célia Muller, Invocations 1 et 2 (Diptyque), 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm chaque, 2 800 Euros

Célia Muller, Invocation #3, 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm

Célia Muller, Invocation #3, 2023, Pastels secs sur papier, 20,8 x 29,7 cm

Réservé

Célia Muller, Aandun 19, 2021, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 50 cm

Célia Muller, Aandun 19, 2021, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 50 cm

Vendu

Tout comme la matière mémoire, le ciel est un espace infini en proie à une métamorphose constante. De la même manière que l’artiste fixe des fragments de son récit, elle fixe des moments, des états de ciel nuageux, orageux, opaque, chargé, lumineux. Le ciel et la mémoire partagent une même immensité, une même agitation, une même épaisseur et une même imprévisibilité. Un espace de perturbations.

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

 

Célia Muller, Je voudrais être #3, 2023, Pigments d’oxyde de fer noir, 150 x 250 cm, 11 000 Euros

Célia Muller, Comme le vent, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Comme le vent, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm,  3 000 Euros

Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele

Célia Muller, Elles ont volé toute l'eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

Vendu

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

5 000 Euros

Célia Muller, Elles ont volé toute l’eau, 2023, Pastels secs sur papier de soie, 16,8 x 21,2 cm chaque

5 000 Euros

Célia Muller, Un trou dans le mur #2, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Un trou dans le mur #2, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm, 3 000 Euros

Célia Muller, Comme le temps, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Célia Muller, Comme le temps, 2023, Pastels secs sur papier, 48 x 64 cm

Vendu

Constitués de nuances de noirs, de gris et de blancs, les dessins imposent une forme de silence. Ils sont les résultats de gestes et d’incantations envers les éléments, envers la matière mémoire, envers l’invisible et l’indicible. L’artiste lance des incantations plurielles dans une quête intime où les mots peinent à émerger.

Célia Muller, Je voudrais être #1, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm, 1 400 Euros

Célia Muller, Je voudrais être #2, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm

Célia Muller, Je voudrais être #2, 2023, Pastels secs sur papier, 21 x 29,6 cm, 1 400 Euros

Célia Muller, Je te détesterai #1, 2018, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 100 cm

Célia Muller, Je te détesterai #1, 2018, Pastels secs sur papier de soie, 65 x 100 cm, 4 400 Euros

Célia Muller, Un trou dans le mur #1, 2023, Monotype et dessin à l'encre taille douce, 24 x 31,9 cm

Célia Muller, Un trou dans le mur #1, 2023, Monotype et dessin à l’encre taille douce, 31,9 x 24 cm, 1 600 Euros

Célia Muller, L'amour et la rage, 2023, Pastels secs sur papier, 24 x 32 cm

Célia Muller, L’amour et la rage, 2023, Pastels secs sur papier, 24 x 32 cm, 1 600 Euros

Viewing room – Célia Muller. Invocations2023-09-20T15:47:06+02:00

Viewing room – Fritz Bornstück, Sleepwalking

FRITZ BORNSTÜCK SLEEPWALKING 31.08. - 05.10.2024

Vue d’exposition, Fritz Bornstück. Sleepwalking, Galerie Maïa Muller – 2024

Fritz BORNSTÜCK, Weltempfänger, 2018, Huile et pigments sur toile, collages, 240 x 220 cm

The white trash boys listen to their headphones

Blasting white noise in the convenience store parking lot

I hung around there wasting my time

Hoping you’ll stop by…

Modest Mouse – Sleepwalking (1999)

Les peintures de Fritz Bornstück nous invitent à une marche solitaire dans une ville endormie ou bien confinée. L’artiste travaille la notion de dorveille, un mot français datant du XVIIème siècle pour désigner un état d’assoupissement, de demi sommeil ou demi éveil. Une pratique située entre deux phases de sommeil qui a disparu au fil du temps. La dorveille favorise un état propice à la rêverie, à la méditation, à une introspection existentielle et mémorielle. En ce sens, l’exposition intitulée Sleepwalking (littéralement “somnambulisme”) nous plonge dans un état de demi-conscience, dans un entre deux inconfortable : entre l’éveil et le sommeil, entre chien et loup, entre la ville et la jungle, entre l’extérieur et l’intérieur. Les scènes peintes par Fritz Bornstück peuvent être envisagées comme les expériences visuelles et sensorielles d’un.e somnambule, ou bien d’une personne traversant une dorveille avant de se rendormir. Nous marchons ainsi en compagnie d’un protagoniste invisible au fil des rues de Berlin, des friches, des chantiers et autres tiers-lieux ou non-lieux de la ville.

A partir d’objets précaires, de débris de matériaux et de déchets, Fritz Bornstück fabrique un portrait d’une société où les humain.es sont absent.es. ielles sont parti.es laissant derrière elleux les traces de leurs quotidiens : un mégot, une canette, une chaise Ikea, une radio, un tablier, un réveil matin. Des objets identifiables que l’artiste choisit avec soin. Leur présence génère des échos et stimule nos mémoires. Fritz Bornstück travaille la dimension sensible d’une plateforme mémorielle collective par laquelle les projections personnelles peuvent advenir. Alors, les objets sont les principaux protagonistes des peintures : une bougie d’anniversaire plantée dans le pain d’un burger, la tour d’un ordinateur, un seau en métal, un jukebox en bois, une montre. Si la figure humaine est absente dans sa représentation physique, les combinaisons d’objets (entiers et fragmentés) forment des portraits humains. Les objets et les animaux personnifient l’humanité. Nous rencontrons un rat qui, près d’un feu, grille un chamallow. L’artiste peint aussi des navets dotés de visages aux expressions menaçantes. L’un d’entre eux fume une cigarette. Fritz Bornstück se joue ainsi des couches du réel en alternant science-fiction, onirisme et réalités sociales.

Dans une ambiance de squat nocturne, l’artiste crée des junk spaces où gisent les artefacts de nos existences passées et présentes. Le béton y rencontre la végétation, tandis que les animaux peuplent les tas d’ordures. Il ne s’agit en aucun cas de nature morte dystopique car comme le souligne l’artiste : la vie y est omniprésente. L’artiste précise que “l’absence humaine donne de la place aux choses et aux êtres non humains”. Des araignées à la chouette en passant les mésanges, l’escargot ou le lièvre, la vie animale se déploie au gré des scènes. De même les arbres et les saxifrages coévoluent avec les ruines humaines pour former un paysage commun. Une perspective vivante que l’artiste manifeste aussi par sa manière de peindre : rapidement, en laissant les traces de ses différents passages sur la toile, des passages brutaux qui forment des couches, des aspérités et des textures. “Ma peinture n’est pas plate, elle n’est pas une image sans épaisseur.” S’il peint rapidement, Fritz Bornstück parle d’un temps long de fermentation pendant lequel il revient plusieurs fois sur son travail. La densité des gestes et de la représentation génère des mouvements contraires, une vibration et une forme de toxicité en adéquation avec l’univers post-humain qu’il s’acharne à dépeindre.

Julie Crenn

Vue d’exposition, Fritz Bornstück. Sleepwalking, Galerie Maïa Muller – 2024

Fritz BORNSTÜCK, Freischwinger, 2022, Huile sur toile, 240 x 220 cm

Fritz BORNSTÜCK, Hinterm Horizont, 2023, Huile sur toile, 120 x 120 cm

Fritz BORNSTÜCK, Biedermeier Punk (Pretty in Pink), 2024, Huile sur toile, 120 x 100 x 4 cm

Fritz BORNSTÜCK, Verlorene Zeit, 2023, Huile sur toile, 60 x 50 cm

Fritz BORNSTÜCK, Jefferson, 2023, Huile sur toile, 60 x 50 x 4 cm

Fritz BORNSTÜCK, Strandgemüse, 2023, Huile sur toile, 60 x 50 cm

Vue d’exposition, Fritz Bornstück. Sleepwalking, Galerie Maïa Muller – 2024

Fritz BORNSTÜCK, Neuschnee, 2023, Huile sur toile, 40 x 30 x 4 cm

Fritz BORNSTÜCK, Dorf, 2023, Huile sur toile, 129 x 140 x  2,7 cm

Fritz BORNSTÜCK, Fette Beute, 2023, Huile sur toile, 24 x 18 cm

Fritz BORNSTÜCK, Pink Moon, 2024, Huile sur toile, 24 x 18 cm

Fritz BORNSTÜCK, BrandenBurger, 2018, Huile sur toile 60 x 50 cm

Fritz BORNSTÜCK, Golden Feelings, 2023, Céramique émaillée, 18 x 9 x 7 cm

Viewing room – Fritz Bornstück, Sleepwalking2024-09-06T17:13:08+02:00

Viewing room – Myriam Mihindou, Le Patron

04.05.23 - 06.06.23

Myriam MIHINDOU
Le Patron
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
Le patron est un concept qui me permet de créer, de démultiplier. Comme dans le principe de la Langue Secouée, cette matrice me permet de construire un univers. Je peux déplacer, rester dans le mouvement. Je crée des associations de formes et de mots.
#1 Aer Bulla, 2022, Tissus, teinture au thé, fils, dimensions variables
#2 Geodaisia, 2022, Technique mixte sur papier, 96 x 61,5 cm
#3 L’oeil et l’oreille dominants, 2022, Technique mixte sur papier, 71 x 90 cm

#4 Draperie, 2022, thé, calque, bleu de méthylène, graphite, aiguilles, cuivre 66 x 115 cm
#5 Immanere Manere, 2022, Technique mixte sur papier , 110 x 68 cm
#6 Langues Désinentielles, 2021, cuivre, sanguine, graphite, 66,5 x 90cm
#7 Ôdé (chant), 2022, Feuilles de soie, thé, carbone, graphite, 66 x 115 cm
Myriam Mihindou, Enséver, 2022, coton, laine, polyester, encre, sable
#8 Enséver, 2022, coton, laine, polyester, encre, sable
#10 Vagante Fabulae, 2018, Technique mixte sur buvard, 65 x 24 cm
#9 L’Argyronète, 2018, Technique mixte sur papier, 40 x 30cm
#11 Vagante Fabulae, Technique Mixte sur Papier Buvard Sculpté, 60 x 50 cma
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#12 To suck one’s teeth, 2021, Coton, laine, fils de polyester, 255 x 167 cm
#13 Poussée racine, 2022, coton et laine, polyester, sable, 180 x 270 x 8 cm
« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7
Viewing room – Myriam Mihindou, Le Patron2023-06-15T12:05:30+02:00

Viewing room – John Stezaker

11.03.23 - 29.04.23

JOHN STEZAKER
#1
The Kiss, 2022
Collage
25 x 20 cm
#2
The Kiss, 2023
Collage
25,5 x 20,5 cm
Vendu

#3
The Kiss, 2022
Collage
25,8 x 20,6 cm
Vendu
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#4
The Kiss, 2022
Collage
26,5 x 21 cm
#5
The Kiss, 2022
Collage
26,8 x 20,7 cm
Vendu
#6
Couple, 2020
Collage
24,3 x 17,8 cm
#7
The Kiss, 2022
Collage
30 x 24,2 cm
#8
The Kiss, 2022
Collage
29,7 x 23,1 cm
Vendu
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#9
The Kiss, 2022
Collage
26,8 x 21,3 cm
Vendu
#10
The Kiss, 2022
Collage
25,8 x 20,6 cm
#11
Double Shadow, 2022
Collage
22,4 x 23,6 cm
Vendu
#12
The Kiss, 2022
Collage
26,3 x 20,7 cm Vendu
#13
The Kiss, 2023
Collage
25,7 x 22,7 cm
Vendu
#14
The Kiss, 2023
Collage
25,8 x 20,5 cm
Vendu

`

#15
Spell, 2022
Collage
24 x 19 cm
Vendu
#16
Spell, 2022
Collage
24,4 x 19 cm
#17
Spell, 2022
Collage
24 x 20,2 cm

Voici bien des années, des photographies ornaient le foyer des cinémas pendant la période de présentation d’un film ; destinées à attirer le regard du passant et à éveiller le désir d’entrer dans la salle et d’y regarder le film au nom évocateur : Gorky Park, The Great Jewel Robber, Junior Miss ou autre Summer and Smoke, elles étaient régulièrement remplacées par d’autres très semblables aux premières. Le décor, les éclairages, le cadrage de la prise de vue, la position des acteurs, tout évoque dans une image l’atmosphère du film et l’histoire proposée et, si elles ont aujourd’hui le parfum d’un temps désuet, c’est que les acteurs aussi bien que les décors rappellent un cinéma lointain.

Quelques photographies montrent des plans larges, des scènes durant lesquelles on voit de nombreuses personnes réunies ; dans d’autres, seul un couple se trouve à l’avant-plan. Face à face, un homme et une femme proches l’un de l’autre, se regardent, figés dans l’instant qui se situe juste avant qu’ils ne se serrent dans les bras, avant qu’ils ne s’embrassent.

Le promeneur du foyer n’a d’autre solution que de compléter mentalement la scène arrêtée et de se projeter dans l’histoire suggérée par les images alignées.

John Stezaker sort de l’anonymat ou de l’oubli ces portraits d’hommes et de femmes qui faisaient vivre des histoires.

Sur une première photographie, il pratique une découpe et ôte le couple à l’avant-plan d’une de ces photographies

de « foyer », laissant sur le papier une trace vide. Et ce vide, qui enlève les héros du film, rend la photographie

ouverte à tous les regards car, autour de cette découpe pratiquée dans l’image, l’environnement dans lequel

évoluaient les acteurs apparait encore et on peut aisément reconnaître les lieux : un jardin, un vestiaire, un intérieur cossu ou un mur pâlement éclairé …

L’absence des silhouettes crée une interrogation d’autant plus troublante que les acteurs et actrices – beaux, jeunes, amoureux – disparus du champ de vision existent dorénavant dans l’imaginaire du regardeur. C’est à lui de peindre mentalement leurs traits, de donner au couple évaporé, un visage et des vêtements qu’il suppose être élégants, un maintien de bonne allure, une coiffure apprêtée ou un chapeau, une façon de se regarder signifiant l’amour ou la haine, le respect ou l’indifférence, la colère ou la joie.

Ceci est d’autant plus vrai qu’il s’agit – rappelons-le – d’images éphémères, fabriquées dans un but précis, conçues pour attirer le passant disponible évoqué plus haut mais qui hésite et tergiverse, enclin à préférer ceci ou cela suivant une humeur passagère, qui prend le temps de scruter les photographies les unes après les autres et d’y introduire un désir ou une intention secrète à partir d’un détail auquel il s’accroche. Ses yeux qui saisissent un objet l’invitent à rêver d’une fiction connue de lui seul.

John Stezaker ajoute une autre photographie à l’arrière-plan de la première qui fut détourée ; une autre scène dont on ignore si elle appartient au même film ou pas, qui remplit le vide des silhouettes et déborde du cadre : un restaurant, une assemblée, un salon comprenant des personnages occupés à diverses tâches, semblant converser, étrangers à la situation de l’avant-plan.

Voilà le regardeur à présent face à une image complexe devenue brusquement étrange, apparemment vidée de ses repères mais chargée d’autres indices. Sans points communs apparents, les deux scènes superposées n’en lient pas moins des relations, des liens d’une parenté que notre imagination interprète et amplifie pour en faire un récit qui additionne des éléments hétéroclites.

Les personnages de ces collages ne sont pas à la même échelle et pas dans la même situation, comme dans les contes, où des géants apparaissent et disparaissent soudain, se volatilisent et partent on ne sait où, dans un monde étranger et côtoient des êtres minuscules.

Ou encore, comme naguère, dans les salles de cinéma on regardait les acteurs évoluer dans un paysage, une scène d’intérieur, un mobilier, qui n’était sans doute qu’un décor fragile ; un de ces décors de carton et de toile, maintenus droit par des poids et des béquilles posées à l’arrière de la structure, changés rapidement suivant les phases successives de l’action.

Dans le mouvement rapide de la pellicule qui traversait la salle, un faisceau lumineux chargé de poussières faisait apparaître ces tableaux factices et les acteurs d’une romance pour des couples se tenant la main, chuchotant et s’enlaçant.

Ainsi, l’ombre du décor devient l’ombre des personnages et on adhère à ce monde fascinant sans désirer faire le tri du vrai et du faux car le monde est également composé d’une addition de réalités diverses.

Ainsi en est-il des collages de John Stezaker dans lesquels les scènes superposées s’additionnent pour n’en former qu’une, mêlant souvenirs et découvertes dans les fenêtres ouvertes sur les « photographies de foyer ».

Laurent Busine
Historien d’art et commissaire d’exposition. Ancien directeur du MAC’S au Grand-Hornu de 2002 à 2016.

Ancien directeur des expositions au Palais des Beaux-Arts de Charleroi de 1983 à 2002. Auteur de nombreuses publications dont la première monographie consacrée à Giuseppe Penone.

 

« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7
Viewing room – John Stezaker2023-04-25T14:46:00+02:00

Viewing room – Monika Michalko

09.02.23 - 04.03.23

MONIKA MICHALKO
CLOUDS AND HIDDEN CLOWNS
#1
Broken cars, 2022
Huile sur toile
200 x 200 cm
#2
One makes you larger and one makes you small II, 2022
Huile sur toile
60 x 50 cm
#3
Boschbirds II, 2022
Huile sur toile
50 x 40 cm
#4
Needles and Pins, 2022
Huile sur toile
140 x 130 cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#5
Antonins chaos, 2022
Huile sur toile
70 x 90 cm
#6
Loner, 2022
Huile sur toile
50 x 40 cm
#7
The less room you give me, the more space I’ve got, 2022
Huile sur toile
155 x 170 cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#8
I wonder if, 2022
Acrylique et huile sur toile
200 x 200 cm
#9

Prekariat, 2021

Gravure à la pointe-sèche Ed. 2/6

20 x 25 cm

#10
Untitled, 2021
Gravure à la pointe-sèche Ed. 2/6
20 x 25 cm
#11
Untitled, 2021
Gravure à la pointe-sèche Ed.2/6
25 x 20 cm
#12
Untitled, 2021
Gravure à la pointe-sèche Ed.2/6
25 x 20 cm
#13
TenselTown, 2022
Huile sur toile
60 x 50 cm
#14
Untitled, 2021
Gravure à la pointe-sèche Ed. 2/6
25 x 20 cm

“Domination, domestication et amour sont profondément enchevêtrés. Le foyer est le lieu où les dépendances au sein des espèces et entre elles sont les plus étouffantes. Malgré tout le plaisir qu’un foyer procure, ce n’est peut-être pas le meilleur espace sur Terre pour la vie multi-espèces. Considérez plutôt la généreuse diversité des bordures de route.”

Anna L. Tsing – Proliférations (Wildproject, 2022)

Anna L. Tsing – Proliférations (Wildproject, 2022)

Monika Michalko construit une peinture magique et intuitive. Elle débute rarement à partir d’un support vierge. Le plus souvent, par nécessité, elle recouvre des peintures existantes pour en ressentir les abysses. Elle travaille dans l’épaisseur, non seulement de ses propres images, mais aussi de sa mémoire, son imaginaire, ses errances et ses fantasmes. À l’intérieur de ce vortex illimité, elle puise des motifs au creux de rêves, de pensées poétiques ou d’éléments réels. Monika Michalko plonge à l’intérieur de ce que le philosophe Paul B. Preciado nomme la somathèque. Il précise : “Le corps, c’est une somathèque : un ensemble de représentations, de rituels, de techniques, de normes de théâtralisation.” (2020) En biologie la somathèque signifie littéralement l’enveloppe de cellules. Elle est le lieu de stockage des données d’une histoire faite de généalogies, d’émotions, de souvenirs, de secrets et de silences. L’artiste explore ainsi ce qui la constitue au passé, au présent, comme au futur en peignant des scènes flottantes au cœur desquelles des objets du quotidien (bouteilles, chaussures, vases, lampes, etc.) et des êtres vivants (humains et plus qu’humains) agissent, résonnent et cohabitent.

Monika Michalko plonge en elle-même pour en extraire des fragments, des éléments de situations qui ne proposent aucune narration, des corps fantomatiques, des couleurs franches et en demi-teinte, des lumières éclatantes et des ombres caverneuses. Les peintures nous invitent alors à plonger à notre tour dans cette vie cryptée dont certains indices s’entrechoquent nécessairement avec la nôtre. Depuis son enfance, Monika Michalko manipule des images. Celles de son frère photographe, mais aussi toutes sortes d’images récoltées. À partir des images existantes, elle développe une pensée du collage où les formes, les couleurs, les lumières et les motifs s’articulent les un.es aux autres. Une pratique qu’elle poursuit à l’école d’art de Hambourg et qui ne quitte pas son travail actuel. L’artiste dit travailler “en réaction puisqu’une image en amène une autre”. De cette pensée rhizomatique et émotionnelle de l’assemblage jaillit la part merveilleuse et mystérieuse de son univers plastique.

Il est communément dit que la nature a horreur du vide. Monika Michalko en prend acte. Elle multiplie les motifs qu’elle organise dans un espace faussement chaotique. Des formes liquides circulent dans et entre les peintures. Des fluides colorés et lumineux qui instillent des mouvements, qui impulsent des circulations de regards et qui allient les différents motifs présents au sein de chaque peinture. Ces formes physiologiques intensifient la dimension vivante qui nourrit et anime l’ensemble de son œuvre. Monika Michalko intègre en effet un vivant proliférant : arbres, racines, oiseaux, racines et plus récemment des coraux et autres végétaux sous-marins. Pourtant, les éléments vivants et organiques s’allient à des composants architecturaux. L’artiste structure les compositions en fabriquant des échos, des des abris à l’intérieur du territoire de la peinture : des cachettes, des espaces indéfinis formés de lumière et de couleur. C’est peut-être la question de l’habitat, au sens le plus généreux de son acceptation, qui traverse l’œuvre de Monika Michalko. Celle-ci représente de manière alternée et/ou combinée des espaces intérieurs et des paysages mentaux où le motif de l’habitat y est récurrent (maisons, châteaux, tentes, cabanes). Dans la maison, dans l’atelier ou en dehors, nous observons aussi la présence de motifs architecturaux stylisés : des portes, des fenêtres, des escaliers. Autant de motifs qui génèrent de profondes échappées vers d’autres dimensions oubliées, possibles et en devenir.

Julie CRENN

 

« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7
Viewing room – Monika Michalko2023-02-20T11:25:23+01:00

Viewing room – JEAN-MICHEL ALBEROLA « PRÉSENTATION DE DEUX BOULES À NEIGE ACCOMPAGNÉES DE TROIS COMMENTAIRES « 

Vue d’exposition  © Rebecca Fanuelle
#1POGNON
Jean-Michel ALBEROLA
POGNON, 2022
Édition de 100 exemplaires signés et numérotés
 Choisissez vos numéros
Nous vous les réservons (dans la limite du stock disponible)
300€ pièce
#2ROSEBUD
Jean-Michel ALBEROLA
ROSEBUD, 2022
Édition de 100 exemplaires signés et numérotés
 Choisissez vos numéros
Nous vous les réservons (dans la limite du stock disponible)
300€ pièce
#3
Jean-Michel ALBEROLA
CITIZEN KANE / LA SPLENDEUR DES AMBERSON, 2022
Technique mixte sur papier
44x33cm
#4
Jean-Michel ALBEROLA
ROSEBUD MOONFLEET, 2022
Technique mixte sur papier
46×33 cm
#5
Jean-Michel ALBEROLA
Les Contrebandiers de Moonfleet, 2022
Technique mixte sur papier
36x27cm
#6POGNON
Jean-Michel ALBEROLA
POGNON, 2022
Édition de 100 exemplaires signés et numérotés
 Choisissez vos numéros
Nous vous les réservons (dans la limite du stock disponible)
300€ pièce
#7ROSEBUD
Jean-Michel ALBEROLA
ROSEBUD, 2022
Édition de 100 exemplaires signés et numérotés
 Choisissez vos numéros
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300€ pièce
#8ROSEBUD
Jean-Michel ALBEROLA
ROSEBUD, 2022
Édition de 100 exemplaires signés et numérotés
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Nous vous les réservons (dans la limite du stock disponible)
300€ pièce
Viewing room – JEAN-MICHEL ALBEROLA « PRÉSENTATION DE DEUX BOULES À NEIGE ACCOMPAGNÉES DE TROIS COMMENTAIRES « 2022-12-06T18:33:50+01:00

Viewing room – FRITZ BORNSTÜCK / SCHICHTENDICKICHT (ENTROPICAL PARADISE)

27.10 / 26.11

FRITZ BORNSTÜCK
SCHICHTENDICKICHT (ENTROPICAL PARADISE)
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#1
Fritz Bornstück
Betonknacker, 2022
Huile sur toile
100x80cm
#2
Fritz Bornstück
Vorfahren (Entropical Paradise), 2022
Huile sur toile
190x140cm
#3
Fritz Bornstück
Reinforcements, 2022
Huile sur toile
140x120cm
#4
Fritz Bornstück
KOK, 2022
Céramique émaillée
125x38x43cm
#5
Fritz Bornstück
Dyermakers Mark, 2021
Huile sur toile
100x80cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#6
Fritz Bornstück
Schichtendickicht (Wegwarthe), 2022
Huile sur toile
100x80cm
#7
Fritz Bornstück
Grünschnabel , 2022
Huile sur toile
100x80cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
 
#8
Fritz Bornstück
Arnika, 2022
Huile sur toile
60x50cm
 
#9
Fritz Bornstück
486, 2022
Huile sur toile
 60x50cm
 
#10
Fritz Bornstück
Polly Cracker (Lovebird), 2022
Huile sur toile
60x50cm
 
#11
Fritz Bornstück
Poppies, 2022
Huile sur toile
60x50cm
 
#12
Fritz Bornstück
Ludmilla, 2022
Céramique émaillé
70x38x38cm
 
#13
Fritz Bornstück
Berg (Melancholia returns), 2022
Huile sur toile
24x18cm
 
#14
Fritz Bornstück
Barthelby,  2022
Huile sur toile
24x18cm
 
#15
Fritz Bornstück
Spreader (Violet), 2022
Huile sur toile
24x18cm
 
#16
Fritz Bornstück
United colors (Phantom Limb remix), 2022
Huile sur toile
50x40cm
 

On reconnaît dans les peintures de Fritz Bornstück quelques parentés avec les épouvantails plantés dans les champs ou avec les nains en plastique, les biches en plâtre, les statues antiques en béton, les lions et les lapins … qu’on regarde amusés dans les jardins coquets aperçus au hasard d’une promenade. Ces mondes que nous imaginons parallèles au nôtre, uniquement parce que nous n’y prenons garde, obéissent à des logiques qui ne sont pas plus invraisemblables que celles des guerres que nous menons ou des désordres que nous organisons qui laissent derrière eux des ruines et des déchets amoncelés.

Voyez la vie qui se développe dans le fouillis des buissons et des parterres, dans l’entrelac des branches, des racines, des feuilles, des fleurs épanouies ou séchées, des canettes vides, des oiseaux multicolores, des bouteilles et des mégots. Là, un bousier roule une pelote de merde en forme de crâne à moins qu’il ne promène un minuscule crâne humain à la taille de l’insecte ; ailleurs, une jeune fille en ferraille, aux jambes faites de pieds de table, portant une robe rouge, agite un drapeau et tient par l’épaule un jeune homme identique à elle, vêtu d’un arrosoir mauve ; ils sont seuls, joyeux et amoureux dans la forêt où s’entassent de vieilles bassines.

Fritz Bornstück peint des assemblages apparemment incongrus faits de carcasses métalliques et de vieilles machines usées et vides, abandonnées dans des bois et dans des prés. Mais, on le sait, la nature elle-même use d’artifices curieux ; on connait les stratagèmes étranges par lesquels passent les actes de la naissance des fleurs qui attirent les insectes qui vont les féconder, on n’ignore pas les règles compliquées qui font de la chenille un papillon ou celles qui incitent les serpents à muer en abandonnant derrière eux, dans les bois et dans les prés, une peau usée et vide.

Il y a dans ces peintures mélancoliques à la fois de la douceur et de la violence ; une violence sous-jacente et une douceur résignée qui affleurent dans un temps incertain, non défini, comme dans toutes les histoires qui se répètent de loin en loin, nourries de récits oubliés, de contes répétés, de frayeurs et de soulagements refoulés, de cachettes et d’ogres rencontrant des souris qui se changent en carrosse, de petits cailloux blancs et des morceaux de pain mangés par des perroquets multicolores.

Car, comme dans tous les contes, toutes les légendes, le merveilleux existe au même titre que ce qui forme le monde ; le merveilleux apparait naturellement. C’est une chose simple et s’il n’y a nul étonnement à savoir Daphné être transformée en laurier quand Apollon la touche, il n’y en a pas davantage à voir une cafetière ou une bouilloire jetées dans les sous-bois être naturellement la tête d’un personnage qui marche ou à constater qu’un vieux poste de radio à transistor lance à l’aide d’un porte-voix quelques muettes imprécations sous la forme d’un drapeau ou encore à découvrir qu’un bouquet de fleurs traverse une dalle de béton.

Les mécaniques ont leurs lois et, pour qui en est ignorant, elles sont mystérieuses voire incompréhensibles – ou divines, comme on a pris l’habitude de le dire quand on croit assister à un miracle.

Dans un jardin plein de fleurs et d’oiseaux, de vieilles caisses en carton et de bidons rouillés, d’herbes vertes et de coquelicots rouges, de mégots fumant et d’escargots qui grimpent sur des bouteilles vides peuplent l’univers profane aussi bien que religieux, c’est-à-dire le merveilleux qui est nécessaire à l’entendement du monde.

Laurent Busine

Laurent Busine est historien d’art et commissaire d’exposition. Ancien directeur du MAC’S au Grand-Hornu de 2002 à 2016. Ancien directeur des expositions au Palais des Beaux-Arts de Charleroi de 1983 à 2002. Auteur de nombreuses publications, dont la première monographie consacrée à Giuseppe Penone.

« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7
Viewing room – FRITZ BORNSTÜCK / SCHICHTENDICKICHT (ENTROPICAL PARADISE)2022-11-15T16:28:02+01:00

Viewing room – GROUP SHOW JESUS CHRIST SUPERSTAR

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#1
Hassan MUSA
Manger tue, 2016
Encre sur textile
222 x 192 cm
#2
Hassan MUSA
El Khatiba et Tourkiya, 2018
Huile sur tapis
118 x 68 cm
#3
Myriam MIHINDOU
A ouo (depuis l’origine), 2020
Technique mixte sur papier buvard sculpté
65 x 50 cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#4
Myriam MIHINDOU
Sans titre
Cannes de pouvoir
Gré chamotté
120 cm
#5
Myriam MIHINDOU
Sans titre
Cannes de pouvoir
Gré chamotté
120 cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#6
Myriam MIHINDOU
Les algues géantes II, 2022
Installation, mots cuivrés
 
#7
Myriam MIHINDOU
Les algues géantes I, 2022
Installation, mots cuivrés
 
#8
Gaston DAMAG
Sans titre
Bétel sur papier marouflé
131 x 103 cm
Vue d’exposition Galerie Maïa Muller – Copyright Rebecca Fanuele
#9
Gaston DAMAG
Sans titre, 2022
Couteaux de shaman soudé
68 x 70 x 10 cm
#10
Hassan MUSA
Grande poule céleste, 2017
Encre sur textile
179 x 164 cm
 
#11
Gaston DAMAG
Sans titre, 2017
Huile sur toile
160 x 143 cm
#12
Myriam MIHINDOU
Forestis, 2019
Technique mixte sur papier
65 x 50 cm
#13
Myriam MIHINDOU
ÉPOS (Parole), 2022
Technique mixte sur papier
71 x 48,5 cm

Le post-colonialisme fait débat. De Frantz Fanon à Marc Ferro, la réflexion s’est ouverte sur ces rapports de domination qui continuent d’être perpétués. Au rayon des croyances pourtant, le rite initiatique, les rites de passage continuent d’être perçus majoritairement comme des phénomènes soit folkloriques soit issus des sociétés primitives. Le théâtre d’Aimé Césaire n’a pas réussi à mettre au même rang l’apôtre et le chamane.

Ici l’humour, arme récurrente d’Hassan Musa tisse les sacrements fondateurs de l’eucharistie (Manger Tue, reprenant Le souper à Emmaus du Caravage, avec un autoportrait de l’artiste en aubergiste). Face au dernier repas du Christ, Leda et le cygne sont la présence simultanée du mythe de Zeus incarné, et l’hommage à l’artiste devenant Dieu, Rubens.

Myriam Mihindou, dont la récente exposition au Musée du Quai Branly démontre la puissance de ce qu’elle échaffaude (Trophée, 2020) en terme de transmissions, de passage, dans la scultpture qui est presque toujours son geste de départ, nous offre avec l’installation Les algues géantes I et II, au cuivre conducteur, et ses cannes de pouvoirs la place centrale de l’exposition proposée à la Galerie Maïa Muller, « Jesus Christ Superstar ».

Entrant cet espace, la baigneuse Valpinçon est peinte à même un tapis de prière. Nous venant des Philippines, la noix d’arec et le bétel d’un dessin de Gaston Damag joue une pharmacopée magique auprès d’une sculpture de couteaux Ifugao qu’utilisise d’ordinaire le chamane.

Ceci est un carton d’invitation : entrez dans la transe.

 

 

« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7
Viewing room – GROUP SHOW JESUS CHRIST SUPERSTAR2022-09-16T18:37:45+02:00

Viewing room – ECRAN TOTAL

02.07.22 - 27.07.22




ÉCRAN TOTAL

GROUP SHOW

JEAN-MICHEL ALBEROLA, FRITZ BORNSTÜCK, YESMINE BEN KHELIL, GASTON DAMAG, DAMIEN DEROUBAIX, CAMILLE FISCHER,RAINIER LERICOLAIS, MONIKA MICHALKO, CÉLIA MULLER, HASSAN MUSA, GRETEL WEYER

#1
Camille Fischer – Sans titre, 2022
Technique mixte sur verre
69 x 49 cm
Prix: 2 200 euros
#2
Hassan Musa – I Love you, 3 femmes ( D’après Gauguin) triptyque, 2019
Huile et textile sur bois
70 x 150 cm
Prix: 15 000 euros
#3
Fritz Bornstück – Ice Cream for Crow, 2018
Huile, pigments et collage sur toile
60 x 60 cm
Prix: 4 400 euros
#4
Monika Michalko – Scarlet Ibis, 2022
Huile sur toile
40 x 30 cm
Prix: 2 500 euros
#5
Camille Fischer – Sans titre, 2022
Technique mixte sur papier
29,5 x 41,5 cm
Prix: 1 250 euros
#6
Fritz Bornstück – Feels like Sunday, 2017
Huile et collage sur toile
62 x 52 cm
Prix: 4 300 euros
#7
Jean-Michel Alberola – L’érosion est aéroplane, 2020
Huile sur toile
22 x 16 cm
Prix: 9 000 euros
#8
Yesmine Ben Khelil – Chrysanthème peinture 4, 2021
Huile sur toile
140 x 200 cm
Prix: 7 000 euros
#9
Yesmine Ben Khelil – Herbier coloré jaune, 2021
Technique mixte sur papier
32 x 24 cm
Prix: 1 100 euros
#10
Yesmine Ben Khelil – Herbier coloré rouge, 2021
Technique mixte sur papier
32 x 24 cm
Prix: 1 100 euros
#11
Yesmin Ben Khelil – Herbier coloré vert, 2021
Technique mixte sur papier
32 x 24 cm
Prix: 1 100 euros
#12
Camille Fischer – Sans titre, 2022
Technique mixte sur papier
 89,5 x 65 cm
Prix: 2 800 euros
#13
Camille Fischer – Sans titre, 2022
Technique mixte sur textile
74 x 58 cm
Prix: 2 500 euros
#14
Fritz Bornstück – Don’t let the sun go down on your grievances ( Montechristo II), 2019
Huile sur toile
50 x 60 cm
Prix: 4 100 euros
#15
Damien Deroubaix – Sans titre, 2022
Bois gravé
40,5 x 60,5 cm
Prix: 6 400 euros
#16
Yesmine Ben Khelil – Carnet chrysanthème 12, 2021
Crayons de couleurs sur papier
29,4 x 19,5 cm
Prix: 1 000 euros
#17
Yesmine Ben Khelil – Carnet chrysanthème 12, 2021
Crayons de couleurs sur papier
29,4 x 19,5 cm
Prix: 1 000 euros
#18
Monika Michlko – Unbewegte Beweger II, 2013
Huile sur toile
100 x 80 cm
Prix: 5 000 euros
#19
Jean-Michel Alberola – Va chercher, 2021 – 2022
Huile sur toile
18 x 12 cm
Vendu
#20
Célia Muller – Sans titre, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
29,5 x 42 cm
Vendu
#21
Damien Deroubaix – Sans titre, 2022
Huile sur toile
18 x 14 cm
Prix: 1 900 euros
#22
Damien Deroubaix – Sans titre, 2022
Huile sur toile
14 x 18 cm
Prix: 1 900 euros
#23
Damien Deroubaix – Sans titre, 2022
Huile sur toile
18 x 14 cm
Prix: 1 900 euros
#24
Célia Muller – Sans titre, 2022
Pastels secs et encre de tatouage sur papier
29.5 x 42 cm
Prix: 1 150 euros
#25
Rainier Lericolais – Sans titre, 2022
Encre sur papier journal
 29,5 x 22,5 cm
Prix: 1 200 euros
#26
Camille Fischer – Hawaian, 2008
Technique mixte sur papier
26,4 x 21 cm
Prix: 850 euros
#27
Gaston Damag – Sans titre, 2021
Huile sur toile
35,5 x 27 cm
Prix: 3000 euros
#28
Gaston Damag – Sans titre, 2021
Huile sur toile
35,5 x 27 cm
Prix: 3000 euros
#29
Gaston Damag – Sans titre, 2021
Huile sur toile
35,5 x 27 cm
Vendu
#30
Rainier Lericolais – Ragazza della spiagia, 2022
Technique mixte sur toile
38 x 28,5 cm
Prix: 2 000 euros
#31
Gretel Weyer – Poisson, 2022
Cyanotype
29,7 x 21 cm
Prix: 800 euros
#32
Gretel Weyer – Poisson rouge, 2020
Céramique émaillée
27 x 9 x 4 cm
Prix: 1 200 euros
#33
Gretel Weyer – Papillons, 2022
Cyanotype
29,7 x 21 cm
Prix: 800 euros
#34
Gretel Weyer – Peau, 2022
Cyanotype
21 x 29,7 cm
Prix: 800 euros
« Avec l’utilisation de papiers trempés dans du thé au citron ou des infusions d’hibiscus, différentes sortes de sels et de sables, comme ailleurs la sueur et les larmes, c’est principalement un univers liquide qu’elle évoque. Flux, coulures, courants et dispersions: une mécanique des fluides qui concerne aussi bien la géophysique que le corps humain. Les draps boursouflés renvoient à des limons de fonds de rivière, les coutures forment des veines ou des scarifications, les poches de sable s’apparentent à des reins. »
« C’est cette profonde humilité qui caractérise son travail. Une humilité d’ailleurs prise dans son sens étymologique, dérivée de l’humus, la terre. une expérience de corps à corps, entre le sien et celui de l’oeuvre, qui passe par un processus d’immersion. »
Guillaume Désanges, journal de la Verrière n°30, Caresser toutes les courbes de l’existence, Exposition Myriam Mihindou EPIDERME, Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, 2022, p.6-7
Viewing room – ECRAN TOTAL2022-07-13T15:14:38+02:00

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